PALIMPSESTE

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Union Européenne : fin de partie

De la démocratie en Europe

57 % des européens ne se sont pas déplacé pour voter, sachant qu'en Belgique, Luxembourg, Chypre et Grèce le vote est théoriquement obligatoire. Ces pays mis à part, le taux réel de participation volontaire doit être bien plus bas. En République tchèque et en Slovaquie, on atteint péniblement les 20% de participation. La France d'Outre Mer a participé à hauteur de 15%. En ôtant les blancs et les nuls, les suffrages exprimés équivalent à 40% du corps électoral en France. En nombre de voix, le FN récolte sensiblement le chiffre obtenu par JL Mélenchon en 2012, soit un peu plus de 10% des inscrits.

Il est impossible de cerner les raisons qui amènent à ne pas voter. Entre désintérêt, désinformation, rejet, la palette des explications est évidemment très large. Seule évidence, l'adhésion au projet européen s'étiole encore un peu plus à l'échelle du continent. Certes le taux de participation est égal à celui de 2009, mais la très nette poussée des partis critiques, eurosceptiques ou carrément europhobes est de très grande ampleur.

Le PPE (conservateur), premier parti européen obtient un peu plus de 212 sièges sur les 751 que compte le parlement européen.  soit 28% des sièges seulement ! En y ajoutant le PSE (sociaux démocrate) et ses 186 sièges on parvient à une majorité très étriquée. Il convient d'ajouter le groupe des libéraux comprenant 70 élus pour arriver à une majorité confortable.

Tous ces braves gens s'ingénieront donc à cogérer le parlement européen, et présenteront comme un candidat unique à la commission. Les électeurs socialistes en France seront ravis d'apprendre qu'ils ont ainsi voté pour le candidat de Merkel...Les partis europhiles (conservateurs, socio-démocrates libéraux et verts) perdent environ 100 sièges au parlement.

Compte tenu d'un mode de scrutin différent au niveau national mais qui a tendance à surreprésenter le parti arrivé en tête, la poussée "anti UE" ne se retranscrit que partiellement au niveau de la composition du parlement. A l'heure qu'il est, il est impossible d'avoir le nombre de voix obtenues à l'échelle européenne pour les 3 partis qui cogèrent l'Union (PPE PSE Libéraux), mais il y a fort à parier que leur score total dépasse péniblement les 50%

Autrement dit, les 3 groupes majoritaires au parlement européen qui s’échinent "à faire avancer le projet européen" représentent tout au plus 25% de la population européenne. Le fameux compromis censé représenter le continent ne se réalise qu'au sein du quart de la population européenne.

Voila ce qu'il en est du seul organe élu de l'Union européenne. Le seul lieu où pénètre la souveraineté populaire en Europe est cogérée par une petite minorité... espace par ailleurs dénué de l'essentiel des pouvoirs (dont celui de l'initiative).

Un tour d'horizon par pays montre plus précisément le désastre vers lequel le vieux continent se précipite à grands pas :

 Il n'y a qu'en Allemagne, Roumanie et Suède et dans une moindre mesure en Pologne que les partis de gouvernement continuent de dominer la scène. Et encore ! En Allemagne un parti anti euro obtient 6% des voix et la Gauche radicale près de 8%. En Suède, un parti d'extrême droite réalise environ 7% des voix. En Pologne, la droite très conservatrice ne devance que d'un cheveu la droite ultra qui réalise 30% des voix.

En Espagne, les partis de gouvernement PPE et PSOE sont en très net recul et perdent près de 50% de leurs sièges et ne parviennent pas à la moitié des suffrages exprimés. La gauche radicale(IU) et les Indignés (Podemos) et la Gauche indépendantiste catalane  partis sous des bannières différentes totalisent plus de 20% des voix.

En Italie, derrière le triomphe de M. Renzi (centre gauche), on est surpris de l'effondrement du parti de Berlusconi (moins de 16%) et par l'ancrage du mouvement 5stelle de B. Grillo (plus de 22% des voix)

Au Royaume Uni, c'est la déroute complète pour les conservateurs au pouvoir, et c'est loin d'être flambant pour le Labour : Respectivement 3° et 2°, c'est la première fois en 35 ans qu'aucun de ces deux partis n'arrive en tête. En tête justement, un parti nationaliste et anti UE, l'UKIP rassemble 28% des voix !  Derrière, les lib dem pro UE essuient un revers historique et passent derrière les Verts.

Au Danemark, aux Pays Bas, en Belgique, en Autriche : l'extrême droite nationaliste, xénophobe, islamophobe c'est selon est en tête ou en 2° position. En tête au Danemark et en Belgique, deuxième en Autriche, elle connaît des progrès spectaculaires.

En Grèce, c'est la gauche radicale Siryzia qui arrive en tête avec près de 30% des voix. Les nazis d'Aube dorée obtiennent 10%. Le Pasok est dans les choux et les conservateurs en deuxième position. Au Portugal en Irlande, la Gauche radicale dépasse les 15 %.

En France, le parti au pouvoir n'atteint pas les 15% tandis que le FN, largement en tête, réunit 25% des voix. Mais les voix les plus critiques à l'égard de l'UE rassemblent près de 40% des suffrages(FN+FdG+DLR+ExG+ Divers). Le bloc de droite (UMP+UDI) ne parvient pas à rassembler le tiers des votants (31%). Les pro UE (PS+UMP+UDI+Verts) sont autour de 52% des voix, mais leur campagnes n'a pas été ouvertement pro UE, bien au contraire : ils ont tous parlé d'harmonisation sociale ce qui est impossible eu égard aux traités qu'ils ont signé, les Verts fédéralistes se sont opposé au traité transatlantique, l'UMP s'est prononcé contre Schengen etc.

On le voit : que ce soit l'extrême droite ou la gauche radicale, voire même des mouvements inclassables sur l'échiquier traditionnel, un mouvement tectonique s'est emparé de l'Europe. Partout sur le continent les équilibres hérités de la deuxième guerre mondiale sont rompus. Les jeunes générations n'adhèrent aucunement au projet européen et le passé belliciste n'est qu'un lointain souvenir. La génération qui a construit l'Europe est en passe de devenir minoritaire. Toutes les digues politiques sautent en raison de la disparition des digues économiques et sociales (disparition des frontières économiques et libre circulation des personnes).

L'UE n'est pas en danger elle EST le danger. Elle demeure aveugle, le petit père Junker qui réclame la présidence de la commission comme si de rien n'était...et les éditorialistes bien pensants en France qui n'ont de cesse au lendemain de la débâcle !  que d'affirmer qu'il faut plus d'Europe pour s'en sortir. C'est pure folie



26/05/2014
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