PALIMPSESTE

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UE : La guerre qui vient

Que nous donne à voir un tour d'horizon de la situation économique et politique de plusieurs pays de l'union européenne ? 

Bulgarie

Des manifestations monstres ont mis à bas le gouvernement de centre droit. L'origine du mouvement est on ne peut plus dramatique : L'augmentation du tarif de l'électricité et du gaz. Les besoins vitaux ne sont plus satisfaits. Des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues des principales villes du pays. Malgré la démission du premier ministres, les manifestations se poursuivent.

Roumanie

La situation politique est des plus tendue. Un différend majeur oppose le président en exercice et son premier ministre libéral. L'an dernier le pays avait lui aussi connu de grandes manifestations qui avaient débouchées sur une crise politique majeure :  M. Băsescu, le président a été désavoué par les urnes et son avenir politique est incertain. De son côté la commission européenne le soutient puisqu'il est affilié au PPE de Barrosso;

Grèce

Nul besoin de s'étendre sur ce pays dépecé par la Troïka où le président F.Hollande a demandé aux groupes français de participer au partage des dépouilles du défunt. La Grèce va connaître sa sixième année de récession consécutive, l'émigration bat son plein, la croix rouge annonce qu'elle revoit à la baisse le volume de sang à destination de la Grèce pour cause d'impayés, une onzième grève générale s'est déroulée la semaine dernière. Politiquement, un gouvernement de coalition aux ordres de la Troïka se maintient au pouvoir sans aucune légitimité populaire. Le Pasok, parti socialiste, est complètement discrédité. Le chaos règne à Athènes.

Chypre

La Grèce en plus petit. Le pays connaît une très forte récession. La situation est fort inquiétante, le pays est au bord de la faillite. Et lors des élections les sortants se sont fait sortir. Le nouveau président est en conformité parfaite avec l'UE et doit mettre en place au plus vite une politique de rigueur, dans un pays où la récession envisagée pour l'année courante est de l'ordre de 3.5%. Les pays européens semblent être d'accord pour utiliser d'autres méthodes que celles qui ont prévalues en Grèce, pour remettre la petite île à flots.

Espagne

Le gouvernement de droite de Rajoy est totalement dépassé par la crise. Empêtré personnellement dans des affaires de corruption, il doit faire face à des protestations colossales et répétées dans les rues des principales villes. Samedi, des centaines de milleirs de personnes ont participé à une "marée citoyenne" dans les rues de la capitale. La Catalogne a connu de son côté des manifestations monstres  à la fin de l'année dernière pour avancer vers l'indépendance. Plus d'un million de personnes s'étaient réunies à Barcelone dans ce sens. La tenue d'un référendum sur l'indépendance est encore à l'ordre du jour. D'un point de vue économique, le pays s'enfonce chaque jour davantage dans la récession et le chômage de masse avec 27% de la population active sans emploi et plus d'un jeune sur deux. Les Espagnols retournent à la campagne et aux travaux des champs. Le recours à la main d'oeuvre immigrée est du coup moins important. La bulle immobilière n'en finit pas de crever et les jeunes espagnols vivent de plus en plus longtemps chez leurs parents faute d'emploi et de logement. Les expulsions de logement pleuvent tandis que la résistance s'organise, notamment en justice.

Portugal

Comme partout les dernières élections ont vu les sortants sortir. L'austérité frappe durement. Donc la récession se maintient. Le pays est régulièrement secoué par des grèves massives, et des manifestations très suivies. On y réclame la démission du gouvernement, la fin de la purge économique, des emplois. Les ministres ne peuvent plus sortir sans entendre retentir la« Grândola Vila Morena », la chanson qui avait donné le signal de la chute de la dictature. La récession se prolongera en 2013 avec un -2% prévu par Bruxelles.

Italie

Après le coup d'Etat de M Monti, le professeur encensé par toute la persse bien pensante européenne a mordu la poussière électorale. Les élections promettent au mieux un goyuvernement de coalition fait de bric et de broc sans aucune marge de manoeuvre. mais avec un taux de participation très bas pour l'Italie, la campagne résolument très anti européenne de Berlusconi et le succès immense du mouvement 5 étoiles de l'ex comédien Beppe Grillo qui demande notamment la tenue d'un référendum sur la sortie de l'euro, c'est l'ensemble de la caste banco-bruxelloise qui est désavouée. Près de 6 électeurs sur dix leur ont poliment dit  "vafancullo" ! Pour l'heure les remèdes du docteur Monti n'ont permis d'autre perspective qu'une hausse ininterrompue du chômage et une recession de l'ordre de -1% prévue pour 2013. 

Grande-Bretagne

La récente saillie du conservateur Cameron qui pour faire monter la sauce avant le sommet européen a suggéré la tenue d'un référendum sur la sortie de l'UE en dit long sur l'état de décomposition avancée de son gouvernement, de son parti et de son pays. Il y a quelques jours, le pays a perdu sont triple A. Sa politique d'austérité est combattue également dans la rue avec des manifestations d'ampleur qu'Albion avait oublié depuis des lustres. C'est que là aussi la pauvreté progresse. L'allié de la coalition,les Lib-Dém ont connu des revers de grandes ampleur lors des dernières élections partielles. Officiellement, le royaume prévoit une croissance de l'ordre de 1% l'an prochain, mais dans le même temps la dette publique ne cesse de s'accroître. 

Irlande

En raison d'une fiscalité plus que généreuse pour les investisseurs étrangers, le pays connaît son sixième plan de rigueur cette année. 2013 devrait mparquer le retour de l'Irlande sur les marchés. Cependant la reprise économique reste très timide,et le pays reste sous l'assistance respiratoire du FMI et de la BCE instaurée depuis 2010. 

Pays-Bas

Les dernières élections législatives ont conforté les travaillistes et les libéraux pro européens. Pourtant le pays connaît de grandes difficultés depuis 2012. Avec, un PIB en recul de 1,1% au troisième trimestre 2012, l’économie des Pays-Bas ralentit plus vite que les prévisions les plus pessimistes. Cette récession fait suite à deux trimestres de stagnation. Le dernier rapport de l’UVW – équivalent de Pôle Emploi - est alarmant : en 2011, le nombre de contrats à durée indéterminée signés durant l’année a baissé de 97 %, passant de 83.000 en 2010 à 2.000 l’année suivante. Par ailleurs, le Bureau Central du Plan prévoit un recul du pouvoir d’achat de 25 % pour les retraités et de 30 % pour les bénéficiaires de l’aide sociale l’an prochain…Quant aux prévisions pour 2013, elles laissent entrevoir un recul du PIB de l'ordre de 0.6%. 

France

La France va battre un record, celui du nombre de ses chômeurs. Si l'on s'en tient aux chômeurs sans aucune activité et en métropole le pays va franchir la barre des 3.2 millions. Si l'on tient compte des l'outre mer et des autres catégories de chômeurs, la barre des 5 millions est franchie. La croissance devrait au mieux être très légèrement supérieure à 0. Pour l'exercice budgétaire 2014, il manque déjà, en février 2013, 6 milliards d'euros. La réduction du déficit public sera modeste. Au mieux 3.7% . Comme partout, le remède envisagé est pire que le mal : accentuation de la politique de rigueur, soit par des coupes dans les dépenses soit par l'augmentation de la fiscalité. En d'autres termes, tous les indicateurs sont au rouge, mais on accélère afin de perdre au plus vite le permis de conduire. Fort heureusement la situation sociale est calme et la France comme assoupie. Débarassée de l'hérésie sarkozyste, elle a dépensé en 1 mois 100 millions d'euros au Mali. 2013 sera sans échéance électorale, les jeunes se satisfont d'un chômage qui avoisine les 30% dans leur classe d'âge, les retraités courbent l'échine devant l'augmentation des prélèvement, le consommateur réduit un peu ses dépenses face à la hausse de la TVA, le fonctionnaire se plie de bon gré au gel de son point d'indice. La présidence Hollande n'a en rien modifié la politique économique menée par son prédecesseur, les mécontents ne sortent dans la rue que pour empêcher les homosexuels de se marier. Circulez, y a rien à voir.

Allemagne

La santé de l'Allemagneest le baromètre européen le plus fiable.Or, la majorité des indicateurs sont au rouge. Ce dernier trimestre a été marqué par un recul assez fort du PIB d'outre Rhin. Traditionnellement les exportations allemandes dopent la croissance. Or, celles-ci se font majoritairement vers les partenaires européens qui n'en peuvent. Les prévisions pour 2013 sont pessimistes et vont, à n'en pas douter, s'assombrir ces prochains mois. Le PIB ne devrait croître que de 0.5% selon Bruxelles. Rien ne dit que le calme social se perpétuera éternellement. La compression des salaires endurée depuis bientôt 10 ans atteint ses limites. Les mesures de chômage partiel et de flexibilité tant vantées ne semblent plus en mesure de combler les défaillances du système : Thyssenkrupp, numéro 1 de l'acier prévoit par exemple de supprimer 2000 emplois. 2013 est une année électorale en Allemagne. La reconduction de Merkel au pouvoir reviendrait à signer un nouveau bail de 5 ans avec l'austérité inique qui frappe l'Europe. L'arrivée des socio-démocrates ne bouleverserait pas pour autant la donne sur ce front. A moins d'une surprise ou d'un écroulement spectaculaire de l'économie allemande, tout laisse à penser que le fonds macro économique européen n'évoluera pas sensiblement à l'issue de ces élections. L'Allemagne est bien le verrou ultime du non sens de la politique continentale.

Cet aperçu de la situation du vieux continent en ce début 2013, ne lasse pas d'étonner. Le chaos politique et social s'installe dans la torpeur générale. Les peurs émergent, les replis s'affirment, la xénophobie s'enracine partout mais fondamentalement rien ne semble en mesure de changer. La mondialisation est un processus inéluctable entend-on partout, la seule issue c'est de s'y adapter. les banques sont trop grosses pour être régulées ou abandonnées, laissons les faire. Le monde est complexe, l'étranger est flou, ignorons la Syrie, l'Egypte et la Tunisie. Les Etats-Unis sont nos amis, engageons nous derrière eux dans un grand marché commun transatlantique. Les régions sont l'avenir, laissons les Etats se décomposer. Rarement dans l'histoire un tel renoncement à l'échelle d'un continent de 600 millions d'âmes n'a été si manifeste. "A quoi bon ?" telle est la philosophie dominante dans les médias et les discours. Quant aux actes, il faut trouver à toute mesure volontariste sa digue pour en limiter l'ampleur et la rendre inopérante. L'immigré en tant que bouc émissaire a encore de beaux jours devant lui, mais partout qu'entend on ? A Paris, Lisbonne ou Athènes : C'est la faute aux Allemands. A Barcelone : C'est la faute à Madrid.  En Flandres, c'est la faute aux Wallons. En Angleterre, c'est Bruxelles qui nous méprise ! En Lombardie : Ejectez la Sicile ! Le nationalisme, le régionalisme sont les recours faciles des peuples en désarroi. La seule émergence d'Aube Dorée, parti néonazi grec devrait nous inquiéter au plus haut point. Mais rien n'y fait, l'UE n'a rien d'autre à offrir aux peuples que les ratonnades, les milices, les exactions.

Le saut consenti dans l'abîme attire décidément les gouvernants européens, tandis que les peuples, ignorés, contournés, méprisés de "l'Atlantique à l'Oural" perdent leurs repères et n'ont d'autres choix que de fermer leurs volets et de se barricader en attendant la déflagration.



26/02/2013
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