2012 : Hollande élu, la Gauche en danger
Jadis
Quand j'écoute mes parents, qui avaient 30 piges en mai 81, me décrire l'euphorie collective, l'enthousiasme général qui s'est alors emparé d'eux à la victoire de Mitterrand.Quand je fais la liste de ce que ce PS a réalisé entre 81 et 83. Quand je songe à ce que pouvait encore peser et signifier l'URSS alors et la crainte qu'elle pouvait nourrir en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis.Quand je fais celà, je me dis que décidément le retour éventuel du PS à la présidence en 2012, n'a rien à voir avec l'épisode 81.
Aujourd'hui
D'enthousiasme, il n'y en aura pas ou si peu. Plutôt un grand "ouf" de soulagement, de s'être débarassé de la tâche sarkozyste, de jour en jour plus sale, plus grasse. Hollande qui du reste fut "bon" lors du débat d'entre deux tours, ne suscite quère les passions. Celui qui s'est trouvé là, par le fruit du hasard (car si DSK...), dans le seul parti jugé à même de gouverner à la place de l'UMP. Oui, une bonne partie des Français fêterait le départ de celui qui a sali la République plus que tout autre Président.
De projet collectif, d'avancées sociales, de grandes décisions morales qui engagent la société ? Des miettes éparses, saupoudrées au gré du vent, en fonction de ce qu'on pourra. On s'attachera à sauver les symboles (Education Nationale) et encore. Nous rembourserons notre dette ça oui. Les travailleurs de ce pays n'attendent d'ailleurs rien de notre corrézien national.
L'image dans le monde, de ce que représente la France, de sa voix comme de sa voie ? A mi chemin entre quoi et quoi ? Entre les Etats-Unis et .. et quoi ? Que propose F Hollande, vers quoi nous diriger, quel modèle de développement ? Un peu de social démocratie suédoise moribonde et de blairisme désuet ? Et notre politique étrangère : bien alignée sur les Etats-Unis, au chaud dans l'Otan. La France de M. Hollande n'incarnera rien de bien significatif, tout au plus lavera-t-elle l'affront Sarkozy, là aussi.
Alors que les électeurs de Mitterrand étaient persuadés de pouvoir tout mener à bien, ceux d'Hollande lui sauront gré de revenir au statu quo ante, à savoir celui de Chirac. Surtout, tout un chacun croit savoir que cela va être très dur pour F. Hollande, que la finance va lui (nous) tomber dessus, que la croissance sera faible, que le président aura pour seul horizon l'orthodoxie budgétaire. Les réformes fiscales seront considérées comme agressives par le monde de la finance, qui va porter une charge violente. Comment résister quand l'ambition même du programme consiste à rembourser en bonne et dûe forme les créanciers de la dette ? Hollande veut faire 1983 avant 1981.
La Gauche de F. Hollande cèdera, en cherchant à sauver la face, et peut-être n'y parviendra-t-elle même pas. Et là, la situation s'enveminera et pourrait dégénerer. Car un président élu sans mandat précis, est un président mal élu. F. Hollande n'existe que par l'image contre-sarkozyste qu'il renvoie Le "rassemblement" se cassera les dents sur la réalité économique.La défaite sera totale, culturellement la Gauche risque de faillir.
Demain ?
C'est pourquoi il est nécessaire qu'une gauche d'opposition puisse s'exprimer dès le début de la mandature Hollande. A l'assemblée d'abord, pour rester crédible auprès des citoyens, pour pointer les limites de la politique gouvernementale. Pour ne pas être taxée d'aller à la soupe. de se disputer les maroquins. Dans la rue ensuite, les syndicats ne doivent surtout pas avaliser ou adouber F Hollande, on a vu que ce dernier cédait. En fait, F. Hollande a besoin d'une rue revendicative pour compenser la pression que les marchés lui feront subir. Ne pas voir cela reviendrait à capituler, à donner sa voix mais à ne jamais la faire entendre.
Puisque Mai 2012 ne supporte pas la comparaison avec mai 81, faisons de mai 2012 un mai 36 ! Car finalement les données se ressemblent : une montée du péril d'extrême droite par contamination de la droite en France, et des montées nationalistes et xénophobes partout en Europe. Une gauche élue, mais qui se veut très prudente. Des travailleurs excédés par une crise sociale.On pourrait trouver d'autres similitudes.
En fait nous n'avons d'autres choix pour éviter la peste brune.
Pyrrhus
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