C'est qu'on l'haine, Royal ! Partie I/II
Syndrome "gainsbourdien" s'il en est, la candidate socialiste aux présidentielles de 2007 clame sans cesse "Je vous aime", "Nous non plus" répond-on en écho. Analyse d'un phénomène de pataphysique.
La science d'Ubu nous aidera-t-elle ici ? Mais tout de même, que n'a-t-on pas entendu depuis 2 ans ! Comment comprendre ?
Alliage des contraires, S. Royal suscite l'enthousiasme ou la répulsion. Personnalité clivante comme on dit aujourd'hui. Quoi de plus naturel pour une femme politique ? L'intérêt du phénomène réside dans le fait que, dans une large mesure, l'éventail des réactions dépasse largement le clivage classique droite/ gauche. Les jugements portés sur S. Royal ne sont que rarement politiques. Ce ne sont pas tant ses idées ou ses prises de position qui dérangent. D'aucuns diront qu'il n'y a rien là d'anormal puisqu'elle fait "tout sauf de la politique".
Le "cas royal" n'épouse pas les lignes habituelles et donc, il dérange. Lecteurs, avouez que lire un article sur elle, vous fait grincer des dents, que votre désir de polémique grandit !
Son appartenance politique ? Ségolène la socialiste ? Reprise en boucle des arguments anti éléphants, de l'archaïsme du PS, du caractère vieillot et parisien de ce parti. Ces arguments n'ont pas de prise sur elle. D'ailleurs personne ne les utilise contre elle. Déjà Royal est à la marge, elle n'est pas et ne peut être traitée "comme tous les socialistes". en bref, on ne lui reproche pas ce qu'on reproche à ses camardes.
D'où vient-elle? Peu d'attaques sur son passé, pourtant conseillère de Mitterrand, ministre, présidente de région. Provinciale mais énarque, rurale mais parisienne de raison, fille de colonel, famille nombreuse, catholicisme plus ou moins éclairé. Où la classer? S. Royal échappe aux catégories habituelles. Force et faiblesse, atouts et obstacles.
Sa famille, ses fréquentations, sa vie sentimentale? Paparrazis, cambriolages, séparation avec déclaration télévisée, de nombreux enfants plus ou moins médiatisés et engagés. Attaques, plaintes contre la presse, mais des photos volées plutôt avantageuses. Mais ses détracteurs, même les plus virulents, lui reprochent rarement ces aspects de sa vie.
"Gauchiste démagogue, sociale libérale, girouette..." , ces attaques reviennent si souvent qu'elles en perdent leur crédibilité. Elles relèvent soit des attaques politiques "classiques" de la droite ou de la gauche plus radicale, soit de la même difficulté à la classer "politiquement".
Finalement, c'est l'argument sur son manque de compétence qui revient le plus souvent. Pourtant, un compte rendu rapide ne nous permet pas de conclure à la véracité de ces dires. Que je sache, la région Poitou-Charentes n'est pas en faillite, pas de scandales, d'affaires, de corruption, relevés à ce jour. Son passage au ministère de l'éducation n'est pas resté dans toutes les mémoires, mais à ce poste, c'est plutôt un signe positif, d'une capacité à maîtriser les sujet.
Je rappelle que mon intention n'est pas de défendre S. Royal mais plutôt d'étudier ce qu'il révèle de notre rapport à la femme politique.
Dame de fer ou maman poule ? Là aussi, la presse, les politiques et même la population ont du mal à trancher.Pourtant c'est le lot commun des femmes politiques que d'être sujettes à ce type de commentaire : Que privilégie-t-elle ?
Les intellectuels les plus en vue, les artistes connus, la classe politique, les très grands industriels, le patronat, une large partie des médias la vouent aux gémonies; unanimement ! S. Royal dépasse-t-elle l'entendement ? A voir l'union de tous les responsables PS contre elle en 2008, ces mecs et femmes surdiplômés,aux postes prestigieux, aux pédigrées certifiés capables d'associer leurs forces, leurs compétences, leurs réseaux, dans le seul but de la battre; à voir donc l'allure de cette réunion hétéroclite de tant de "talents" contre elle, taxer d'irrationnel le rapport entretenu avec cette femme n'a rien de déraisonnable.
Le registre est toujours passionnel, là où l'objectivité, le recul, l'observation et l'expérience devraient être de mise. Puisque l'on ne s'intéresse pas aux propos mais qu'on perçoit l'engouement qu'elle suscite hors des arcanes du pouvoir, il faut détruire la personne. Méthode habituelle des puissants.
A tort ou à raison S. Royal se forge une image de pot de terre face aux pots de fer des puissants mâles dominants qui l'entourent. Femme frêle qui lance des bouteilles à la mer. Posture de résistance courageuse, créee par ceux là même qui cherchent à la détruire.
Non décidément qu'on le veuille ou non, S. Royal a un bel avenir, parce qu'elle dérange, qu'elle intrigue. Pour la grande majorité de l'opinion publique, elle n'a que 5 ans d'age. Dans la deuxième partie de cette analyse, j'essaierai de montrer pourquoi elle sera sans doute présidente de la République.
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