PALIMPSESTE

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La gauche et le conservatisme (Vit dit)

Progressistes, modernes, dépoussiérés. Voilà comment la plupart des leaders de gauche (où se prétendant comme tels) veulent apparaître aux yeux de l'opinion. Décomplexés, "désidéologisés", pragmatiques, soucieux d'apporter des "réponses concrètes". Convaincre l'électeur que l'on regarde bien l'avenir.

Quand le programme politique se mue en "bonne gouvernance", lorsque le progrès social se transforme en "meilleure répartition des revenus", quand "non à Barosso" permet de mettre "Europe sociale" au placard, quand "idéologie" devient pragmatisme gestionnaire,


Ces mutations linguistiques supposent un renoncement. La gauche d'aujourd'hui c'est la "boutique de l'homme moderne" en tout aussi ringard. Il faut le répéter rien ne vieillit plus vite et plus mal que le résolument contemporain et le moderne. Le moderne de la veille est le kitch du lendemain...

Hier encore l'écolo était d'avant garde, aujourd'hui il connaît son apogée, demain, il sera ridiculisé.

Le monde politique est, dit-on, partagé entre progressistes et conservateurs. La droite française actuelle affirme se reconnaître dans les deux, la gauche n'accepte que le premier.

Comment l'expliquer ? Historiquement, il est certain que la gauche fut la force du mouvement, du changement, du progrès social et de la révolution. Ses héritiers considèrent donc que la transformation de la société est une nécessité. Fort bien !

Le problème vient que la transformation progressiste et "socialisante" est d'abord devenue le changement puis mouvement ensuite l'adaptation enfin la flexibilité.

L'aveuglement qui consiste à croire que tout ce qui évolue est "bon en soi" constitue le tabou, le verrou qui empêche toute remise à plat. "Changer la vie" ne signifie rien. Taguieff dénonçait il y a maintenant longtemps, le "bougisme". Le glissement libéral s'est néanmoins poursuivi : l'adaptation de la France et du travailleur à la mondialisation pour être plus compétitif. C'est un renoncement, s'adapter ne peut se faire qu'a posteriori, c'est abandonner l'idée que l'on puisse influer ou orienter le processus (Attitude passive). Cela ne constitue pas un projet politique mais en effet une gestion quotidienne pragmatique du présent. Autre facette du renoncement : S'adapter à un contexte global sur lequel nous n'avons aucune prise signifie être disposé à abandonner l'existant dans le seul but d'évoluer, de bouger etc. (Attitude active). Par notre attitude passive face à l'avenir, nous nous activons à détruire le présent.

La "défense des services publics" et des "acquis sociaux" demeure pourtant la chasse gardée de l'ensemble des partis de gauches. Préserver le "modèle social" renforcer l'"exception culturelle" également. Cette attitude a un nom : le conservatisme. Il est grand temps que la gauche n'ait plus honte de ce qu'elle est et doit être : une force de transformation constructive et non destructive. Le passé ne saurait être sacrifié sur l'autel d'un avenir par définition incertain.

Les mots en politique sont plus importants qu'ailleurs, le jargon moderniste et technocratique doit s'effacer et la gauche s'exprimer dans une langue compréhensible. C'est la seule issue, il doit bien y avoir la place pour un conservatisme social dans le progressisme !!


15/06/2009
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