PALIMPSESTE

PALIMPSESTE

Un ciné ? Un foot ? Plutôt l'apéro !

C’est un sentiment étrange. Vous avez remarqué ? Le festival de Cannes passe inaperçu ou presque cette année. Comme si les stars et les paillettes ne faisaient plus rêver. Non que leur vie soit désormais dépourvue d’étoiles, mais comme si celles-ci étaient désormais filantes. Comme si les cieux s’obscurcissaient, ces mêmes réalisateurs, ces brochettes d’acteurs, ces mêmes marches dissimulées sous un tapis toujours si rouge. C’est que l’on est en droit de s’interroger : le cinéma a-t-il encore quelque chose à nous dire? A nous montrer sans doute, la 3D sauvant les meubles… Lors du festival avorté de 68, l’agitation de quelques cinéastes pouvait sembler déplacée, ou naïve mais elle avait un parfum d’authenticité, de spontanéité. Le grand écran avait encore quelque légitimité pour incarner une génération, ses rêves, ses illusions… Aujourd’hui, c’est la crise, la grande crise, Godart et Dany le vert font la une de Télérama. Pour appuyer le propos dans le genre “flashback”, on nous gratifie en guise d’ouverture d’un Wall Street II redite grossière d’une première mouture honorable. Cannes se disculpe en offrant, en ouverture, un gros méchant film dans lequel de vilains spéculateurs refont le monde à coup de dollars virtuels. Quelle dénonciation ! Quel courage et que de subtilité dans le propos ! M Douglas et R Scott en K Marx et F Engels du XXI° siècle… Mmm on adore. Tout cela sous les yeux d’un autre grand cinéaste engagé, qui n’est ni focalisé sur son nombril ni en observation clinique de sa petite enfance, j’ai nommé Tim Burton en figure tutélaire léniniste.

Etrange aussi ce désamour pour une équipe de France de football. Il y a de quoi me direz vous, des résultats pourris, une qualification un peu trop haut la main, des putes qui tournicotent autour de la moitié de l’effectif, des demandes en mariage en direct pour le sélectionneur.  Que de bon goût. Que reste t-il de la France prétendument Blacks/Blancs/Beurs de 98 et de l’enthousiasme autour d’une équipe qui pouvait prétendre représenter la France dans sa diversité ?D’aucuns argueront que c’est parce que le foot est un sport populaire qu’il génère toute cette merde. Populaire ce huis-clos autour de ces star de série B ? Populaire cette valse des millions, ce bruit de caisse enregistreuse à chaque pas ? Populaires ces gars qui ne saluent pas leur public, populaires ces types qui ne s’expriment  (ou essaient de s’exprimer) uniquement devant une façade de sponsors, tous officiels ? Démago le prix des places en Afrique du Sud, où l’on réussira sans doute l’exploit d’avoir des blancs dans les tribunes et des noirs dans l’arène ? Et que dire concernant ce désintérêt pour cette coupe du monde de football qui débute dans trois petites semaines. Le désamour entre la France et le football s’accroît. Ce n’est pas grave mais c’est un symptôme : Le foot c’est jetsetisé, s’est VIPisé . Et ça finit par écœurer. La gerbe, comme après quelques coupes de trop.

L’industrie du rêve se porte mal, et celle de l’oubli ?  de la transgression? Au mieux, elle se porte au mieux !Voyez-les  les Pernaud, les Vermouth, se frotter les mains : Des apéros géants organisés depuis Facebook. C’est gratuit, convivial, bien plus en tous cas que la “fête des voisins” ou que la messe de Noël. Tiens donc, c’est spontané, pas encore sponsorisé. Ah ça dérange les préfets ? Et bien tant mieux. Notre ministre aussi ? Re tant mieux ! Spectacle purement jouissif, hédoniste. Pas de vie par procuration, juste le besoin de boire et d’échanger de visu. Etrange non, que ce qui nous éloigne tant les uns des autres, à savoir ces “réseaux sociaux” en arrivent à nous faire ressentir le besoin de nous rencontrer ? Mais ce type de réunion hors cadre (on dirait hors champ au ciné ou hors jeu au foot) sans organisateur, sans responsable, sans mécène, ça dérange. De surcroît, ça rassemble, ça réunit. On y blague même parfois ! Quelque chose comme la campagne des banquets républicains… Attention danger, il se pourrait que l’on ne soit pas condamné à errer seul devant le spectacle…nous pourrions le faire nous-mêmes.



20/05/2010
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