La VI° ou Le Pen
La déliquescence inégalée du pouvoir politique jette une lumière toujours plus forte sur le véritable pouvoir de la finance et des marchés. Il apparaît évident que nous sommes gouvernés par et pour les banques. Non que nous l'ignorions jusqu'alors mais désormais chacun peut le constater au quotidien. Or, cela constitue un problème majeur pour le système financier et le grand patronat : Les hommes de paille ne parviennent plus à masquer à leurs peuples la tyrannie du système globalisé. C'est que ce pouvoir n'aime guerre s'exposer. Le voici au pied du mur : il lui faut enclencher un pas supplémentaire, délicat mais nécessaire à savoir donner le sentiment aux peuples que la démocratie doit être abandonnée.
Face à ceux qui réclament plus de démocratie et qui cherchent à recouvrer l'ensemble de la souveraineté, la finance doit jouer la carte de ceux qui la considèrent comme inepte, inutile, bavarde et corrompue. Pour ces derniers seul un homme fort, doté de pouvoirs accrus serait en capacité de diriger et de guider le bon peuple vers un avenir meilleur. L'oligarchie qui s'est développée dans l'arrière cour et les bas fonds des démocraties européennes ne craint rien si ce n'est la réappropriation par les peuples de la souveraineté réelle. Ce risque doit à tout prix être éradiqué. Le prix à payer : la fin de ce qui subsiste de démocratie.
"Plutôt Hitler que le Front populaire" entonnait en choeur la grande bourgeoisie française des années 30, "Plutôt Le Pen que la souveraineté populaire" lancine l'ordre médiatique. L'arrivée de Le Pen au pouvoir est devenue inéluctable si l'on en croit les sondages. Ou précisons : si la Gauche arrive au 2° tour, c'est le Pen à coup sûr !". Le vote utile au premier tour en 2017, ce sera donc voter à droite pour contrer l'extrême droite. Et le brave soldat de la finance, Manuel, en jetant de l'huile sur le feu, tout en prétendant l'éteindre a exécuté l'ordre "l'extrême droite est aux portes du pouvoir". C'est la première pierre d'un édifice qui se traduira dans un premier temps par des gouvernements "d'union nationale" dans lesquels le centre gauche sombrera définitivement.
Nous sommes à la veille du moment où la finance bascule vers l'extrême droite. Déjà elle fait paraïtre des sondages qui placent le PS, pourtant brave petit soldat, non plus comme un rempart mais comme un moyen pour le FN d'arriver au pouvoir. Demain, devant la bête gonflée à bloc, elle lâchera la droite décomposée de la même façon car il y aura "un risque de révolution d'extrême gauche".
Cette hypothèse peut très vite prendre forme. L'apathie générale, l'absence de tout mouvement social d'ampleur, le sentiment de dégoût profond constituent de puissant accélérateurs. Le gouffre est béant, la nature a horreur du vide et la finance du risque. Elle va jouer tapis, n'en doutons pas.
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