Ploucs et ploutocrates
Maintenant que la thématique européenne a été bien décapée dans notre précédent article, tentons de la "palimpsester", de réécrire un tant soit peu cette Europe.
L'Europe est une fantastique épopée, seule entité politique consistante construite uniquement par le haut et se vantant de l'accord des populations concernées, c'est-à-dire du consentement du bas.
Elle s'est construite économiquement, tout le monde le sait. Ce qui est plus récent est sa prétention à s'occuper de l'éducation, de la culture, de la politique, de la fiscalité etc. Le trait le plus saillant de cette tendance réside dans le fait qu'elle ait cherché à se doter d'une constitution.
Cette entreprise achoppe sur de nombreux écueils, dont le plus puissant est sans conteste la souveraineté nationale: Les Etats ne se séparent qu'avec parcimonie de leurs fonctions. Dans ce contexte, pour réussir, l'UE n'a d'autre choix que de rechercher le compromis. Le langage du consensus, si cher à ceux qui n'ont pas d'autre idée que celle de mettre tout le monde d'accord, constitue la novlangue européenne. Je me souviens d'un Rocard à la tribune, début 2005, lors d'un meeting du (défunt ?) PS : " Je ne vois aucune raison pour que l'on s'oppose à ce texte". Pas d'alternative, pas de plan B, vous ne savez pas combien cela a été difficile de tomber d'accord alors soyez sympa,votez pour nous ! En effet, nous sommes les seuls capables d'être en accord avec ceux pour qui vous ne votez pas !!
Au parlement européen, il existe théoriquement une gauche et une droite modérées (PSE et PPE), en pratique, ce sont ces groupes qui votent le budget dans un "esprit de consensus". Autrement dit blanc bonnet et bonnet blanc. Le plus inquiétant est sans doute qu'ils s'en félicitent. Reléguer les idées politiques derrière les intérêts européens, tel est le mécanisme intellectuel mis en œuvre par nos députés modérés. Les intérêts européens, justement parlons en ! Personne ne peut en citer le moindre, hormis la paix. Le député européen vote les textes qui lui paraissent indolores pour son pays. Ces directives émanant de la commission ou ce budget avalisé par le parlement permettent à chaque pays de sauver les apparences, de conserver leur pré carré. En revanche, ils sont sans pitié pour les plus faibles : la France ne peut sauver son agriculture et sa pêche, la seconde est condamnée. Les marins pêcheurs réclameront annuellement des aides, non à Bruxelles puisque la France a signé les quotas, mais à l'Etat national, qui s'empressera de délivrer le carburant à bas prix, pour maintenir sous perfusion quelques années un secteur d'activité en perdition, jusqu'à la disparition complète de la profession en France par non remplacement des retraités.
L'esprit de consensus dissimule de plus en plus mal l'idéologie qui le sous tend, ce libre échange accompagné de la dérèglementation, de la mondialisation et de ces multinationales hors sol, capables de déménager en quelques jours leurs activités. L'Europe est un paradis pour les investisseurs étrangers, haut niveau de qualification, espace intégré, main d'œuvre toujours plus flexible, aides massives à l'investissement, subventions généreuses, dispenses fiscales, infrastructures denses, marché. Nous sommes si compétitifs que nous en sommes venus à nous livrer une concurrence acharnée. L'UE dresse en réalité les peuples européens les uns contre les autres. La loi de la jungle en matière économique y est la règle. Chacun veut sa part, mais la méthode du partage n'a pas été définie.
Les élus de la gauche européenne participent activement et consciemment à ce phénomène. Or nous le voyons ce "projet économique" touche en réalité au social, au politique au culturel. Au lieu de fixer des règles politiques communes pour fixer un cadre commun à l'activité économique de la zone, l'UE a choisi de "libéraliser" l'économie et de mettre les cadres politiques au service de cette dernière. L'Europe aurait dû être politique avant d'être économique. Or, fixer un cadre politique dans les conditions actuelles consisterait avant tout à assouplir encore un peu plus les cadres et les règles qui bornent le champ économique.
Donner à l'UE un rôle politique effectif est un projet qui rassemble au delà des naïfs humanistes qui déclarent "nous sommes tous frères, supprimons les frontières", il emporte l'adhésion enthousiaste de tous ceux qui veulent moins d'État, qui pensent que la "bonne gouvernance"est au delà des "clivages stériles" de droite et de gauche qui "datent du 19° siècle".
L'Europe crève de ne pas être politisée. Ou plus exactement elle meurt par sa volonté de refuser le débat. Ce discours insupportable consistant à se réjouir des "avancées" européennes, de ces "nombreux traités et accords signés", de cette intégration approfondie" de la part des trois grands partis (UMP, PS, MODEM) doit cesser une fois pour toutes. Leur connivence aussi. Fausse concurrence entre les gentils Beatles et les méchants Rolling Stones pour distraire le gogo.
L'Europe est une fantastique épopée, seule entité politique consistante construite uniquement par le haut et se vantant de l'accord des populations concernées, c'est-à-dire du consentement du bas.
Elle s'est construite économiquement, tout le monde le sait. Ce qui est plus récent est sa prétention à s'occuper de l'éducation, de la culture, de la politique, de la fiscalité etc. Le trait le plus saillant de cette tendance réside dans le fait qu'elle ait cherché à se doter d'une constitution.
Cette entreprise achoppe sur de nombreux écueils, dont le plus puissant est sans conteste la souveraineté nationale: Les Etats ne se séparent qu'avec parcimonie de leurs fonctions. Dans ce contexte, pour réussir, l'UE n'a d'autre choix que de rechercher le compromis. Le langage du consensus, si cher à ceux qui n'ont pas d'autre idée que celle de mettre tout le monde d'accord, constitue la novlangue européenne. Je me souviens d'un Rocard à la tribune, début 2005, lors d'un meeting du (défunt ?) PS : " Je ne vois aucune raison pour que l'on s'oppose à ce texte". Pas d'alternative, pas de plan B, vous ne savez pas combien cela a été difficile de tomber d'accord alors soyez sympa,votez pour nous ! En effet, nous sommes les seuls capables d'être en accord avec ceux pour qui vous ne votez pas !!
Au parlement européen, il existe théoriquement une gauche et une droite modérées (PSE et PPE), en pratique, ce sont ces groupes qui votent le budget dans un "esprit de consensus". Autrement dit blanc bonnet et bonnet blanc. Le plus inquiétant est sans doute qu'ils s'en félicitent. Reléguer les idées politiques derrière les intérêts européens, tel est le mécanisme intellectuel mis en œuvre par nos députés modérés. Les intérêts européens, justement parlons en ! Personne ne peut en citer le moindre, hormis la paix. Le député européen vote les textes qui lui paraissent indolores pour son pays. Ces directives émanant de la commission ou ce budget avalisé par le parlement permettent à chaque pays de sauver les apparences, de conserver leur pré carré. En revanche, ils sont sans pitié pour les plus faibles : la France ne peut sauver son agriculture et sa pêche, la seconde est condamnée. Les marins pêcheurs réclameront annuellement des aides, non à Bruxelles puisque la France a signé les quotas, mais à l'Etat national, qui s'empressera de délivrer le carburant à bas prix, pour maintenir sous perfusion quelques années un secteur d'activité en perdition, jusqu'à la disparition complète de la profession en France par non remplacement des retraités.
L'esprit de consensus dissimule de plus en plus mal l'idéologie qui le sous tend, ce libre échange accompagné de la dérèglementation, de la mondialisation et de ces multinationales hors sol, capables de déménager en quelques jours leurs activités. L'Europe est un paradis pour les investisseurs étrangers, haut niveau de qualification, espace intégré, main d'œuvre toujours plus flexible, aides massives à l'investissement, subventions généreuses, dispenses fiscales, infrastructures denses, marché. Nous sommes si compétitifs que nous en sommes venus à nous livrer une concurrence acharnée. L'UE dresse en réalité les peuples européens les uns contre les autres. La loi de la jungle en matière économique y est la règle. Chacun veut sa part, mais la méthode du partage n'a pas été définie.
Les élus de la gauche européenne participent activement et consciemment à ce phénomène. Or nous le voyons ce "projet économique" touche en réalité au social, au politique au culturel. Au lieu de fixer des règles politiques communes pour fixer un cadre commun à l'activité économique de la zone, l'UE a choisi de "libéraliser" l'économie et de mettre les cadres politiques au service de cette dernière. L'Europe aurait dû être politique avant d'être économique. Or, fixer un cadre politique dans les conditions actuelles consisterait avant tout à assouplir encore un peu plus les cadres et les règles qui bornent le champ économique.
Donner à l'UE un rôle politique effectif est un projet qui rassemble au delà des naïfs humanistes qui déclarent "nous sommes tous frères, supprimons les frontières", il emporte l'adhésion enthousiaste de tous ceux qui veulent moins d'État, qui pensent que la "bonne gouvernance"est au delà des "clivages stériles" de droite et de gauche qui "datent du 19° siècle".
L'Europe crève de ne pas être politisée. Ou plus exactement elle meurt par sa volonté de refuser le débat. Ce discours insupportable consistant à se réjouir des "avancées" européennes, de ces "nombreux traités et accords signés", de cette intégration approfondie" de la part des trois grands partis (UMP, PS, MODEM) doit cesser une fois pour toutes. Leur connivence aussi. Fausse concurrence entre les gentils Beatles et les méchants Rolling Stones pour distraire le gogo.
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