PALIMPSESTE

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Une opposition de gauche unie : nécessaire... mais faisable ?

 

L'opposition de gauche, concept nouveau que j'appelais déjà de mes voeux la veille du deuxième tour des présidentielles, fait son chemin. Le billet du 4 mai 2012 s'intitulait : Hollande élu, la gauche en danger. Qui dit mieux ? Cela était si prévisible que je ne peux m'empêcher un petit sourire à destination des camardes qui pensaient sincèrement pouvoir éviter cette passe difficile : le spectre de la désunion à gauche, désunion mortifère, désunion sacrilège mais désunion nécessaire ! (pôv Charles, je ne voudrais troubler ta quiétude entre tes deux églises, promis j'arrête)

D'abord parce qu'il ne s'agit pas d'une désunion : il est devenu patent qu'il n'y a rien, absolument rien de gauche au gouvernement. Certes on ressasse, c'est une évidence pour beaucoup et tant mieux mais ce gouvernement dirige à droite.

Ensuite parce que l'occasion est historique : reconstruire la gauche sociale et républicaine n'est de fait possible que lorsque le PS tient les manettes. Le glissement vers la droite laisse un pan béant sur sa gauche qu'il est incapable de combler. Son aile gauche et ses alliés écologistes accumulent les bonnes raisons de se désolidariser. L'approche d'élections qui riquent fort d'être calamiteuses pour la majorité présidentielle accroît la pression sur leurs épaules.

Enfin, parce que les forces de gauche non gouvernementale FdG (malgré le "problème" du PCF), NPA, Alternatifs voire LO ressentent plus que jamais le besoin de marquer leurs distances avec le gouvernement.

Ajoutons à cela l'état calamiteux de la droite en général et de l'UMP en particulier dont le chef actuel ne trouve rien de mieux, lors de ses passages médiatiques, que de brandir des bouquins pour enfant "tous à poil"qu'il estime choquant. Pour ma part j'estime que ses photos dans la piscine de Takkiédine heurtent bien plus ma sensibilité de citoyen. Je laisse cela à l'appréciation de chacun.

Enfin, parce que lors des élections à venir, municipales et européennes, il est impossible d'invoquer le "vote utile" : pour les premières il suffit de réunir 10% des votants pour se maintenir, quant aux secondes elles sont à la proportionnelle à un tour.

Autrement dit, le temps est propice à une reconfiguration de la gauche.

Néanmoins, le chemin risque d'être semé d'embûches : un vague amendement en guise de contrepartie sur le "pacte de responsabilité" et voilà l'aile gauche du PS qui rentre au bercail. Une promesse floue sur la fermeture effective de Fessenheim, et voilà les écolos prêts à poursuivre leur "participation critique" au gouvernement. Ajoutons à cela une "nouvelle donne" qui veuille absolument se compter, un PCF qui veut 7 têtes de liste sur 8 grandes régions aux européennes, un NPA qui fait de la surenchère... et tout l'échafaudage s'écroule.

Quand bien même, les arguties politiciennes s'estomperaient, les divergences idéologiques (excusez du gros mot) subsisteraient-elles. Et sur la politique européennes elles sont légion :

- Même les franges les plus gauchistes d'EELV sont fédéralistes.

-Le FdG est ni fédéraliste, ni pour une Europe des Etats Nations

-Le PG est très critique à l'égard de l'Euro à deux doigts de basculer pour la sortie de la monnaie unique

-Le PCF est favorable à l'euro

-Nouvelle donne est critique mais pourrait se contenter d'une dévaluation de la monnaie unique

-Les Verts y sont globalement favorables.

- Le NPA est internationaliste, il est hermétique à l'idée de frontières.

-Génétiquement le PCF est souverainiste et internationaliste (!) mais l'est il encore l'un et l'autre ? ou les deux ?

-EELV serait sans doute favorable à une taxation des produits importés en UE s'ils proviennent de pays ne respectant pas de normes environnementales, mais reste très discret sur le protectionnisme.

-Quid de la PAC et de l'agriculture subventionnée ? Faut il laisser mourir les agriculteurs français se lamentent les lambeaux de communisme rural ? Le PG de son côté, pointera la mort des agricultures du Sud en raison des subventions à l'export. Peut on tolérer encore davantage les subventions à l'agriculture productiste se désoleront les écolos ? On s'en fout des pequenots diront certains !

Je m'arrête ici, mais ces débats, qui doivent être menés, ne le seront pas avant les européennes. Si liste d'opposition de gauche il y a, le risque est que le programme soit d'un flou artistique qui mène très vite à la paralysie. Le débat européen est le plus clivant à gauche.

Sans compter les questions subsidiaires : Est-il politiquement judicieux de réfléchir à une politique de sortie pure et simple de l'UE, pour bâtir avec les pays qui le souhaitent une union sociale et environnementale ?

Au final, il semble qu'il faille dépasser le débat pour construire du neuf. Une opposition de gauche unie n'est envisageable qu'à condition de poser les questions en soi et non en l'état.

Il n'y aura pas d'autre Europe tant que nous ne sortirons pas de l'UE. L'UE est irréformable, elle ne peut se transformer sui generis. Elle est aux mains des banquiers et des Etats-Unis qui concoctent le TAFTA (traité de libre échange transatlantique) en vase clos. Les liste d' opposition de la gauche n'ont d'autres possibilités, pour être crédibles que de porter ces principes : l'UE n'est pas l'Europe, c'est sa négation même. L'euro n'est pas une monnaie, c'est un instrument d'asservissement.



13/02/2014
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