PALIMPSESTE

PALIMPSESTE

Cher Jean-Luc Mélenchon,

Cher Jean-Luc,

Je le craignais et hélas cela s'est produit. La marche pour la "révolution fiscale" a été un (gros) échec. Bien peu de participants pour marcher sur Bercy. Oh certes, le pari était osé : se balader dans ces tristes quartiers parisiens un 1er décembre pour réclamer sagement une révolution fiscale relève de la gageure. J'ignore pour l'heure quel sort vont te réserver nos chers médias, mais je suppose qu'ils ne seront pas tendres. Il sera bien difficile de garder la tête haute. J'ai participé l'an passé à la marche pour la VI° mais je n'ai pas eu le coeur de venir ce 1er décembre. 

J'aimerais profiter de l'instant pour essayer de comprendre les raisons de cet échec. 

La lassitude des marches sans lendemain, avec des objectifs toujours plus inateignables les uns que les autres. Cette stratégie de mobilisation presque 2 ans après les présidentielles et trois ans avant les prochaines ne correspond pas véritablement aux attentes des militants.Après les succès de mobilisation contre le traité européen et pour la VI°

La division profonde de la gauche, du Front de gauche et des syndicats constitue à l'évidence un handicap supplémentaire. F. Hollande et le gouvernement se sont appliqué à défaire la gauche depuis mai 2012. L'ambition du FdG est de la rassembler autour de lui. L'équation est complexe, mais elle ne peut se résoudre par des marches "contre" le gouvernement. Les syndicats de salariés ne savent plus où ils en sont. Incapables de mobiliser sur quoi que ce soit, ils récoltent les fruits de leurs divisions et de leurs trahisons. Lorsqu'ils sont affaiblis, ils deviennent encore plus tièdes envers tout ce qui est politique, ils font le dos rond, aucun soutien massif à attendre de leur côté. Quant au Front de Gauche, inutile de revenir outre mesure sur le conflit stratégique qui t'oppose à Pierre Laurent, mais dans un tel contexte je crois comprendre que le but de cette mobilisation était surtout de vous afficher à nouveau ensemble pour les caméras.

Le mot d'ordre ensuite. Franchement, la "révolution fiscale" n'a jamais été un thème majeur du FdG, certes il y avait bien les 14 tranches d'IR et la ta dernière tranches à 100%...mais la révolution fiscale, c'était la bande à Piketty, la TVA sociale c'était le mouton noir du PS. Mobiliser sur les impôts, pour une répartition plus juste de ces derniers, n'est vraiment pas aisé. Surtout, c'est apparu comme une vaine tentative de récupération du pseudo "ras le bol" type bonnet rouge. 18 jours avant, comme un cheveu sur la soupe, c'est un peu ainsi que j'ai ressenti l'initiative. Le 5 mai dernier, la VI° république ça avait du sens car ça collait et à l'actualité et à notre programme. Idem pour le MES le 30 septembre 2012. Ici, l'effort était vain, d'autant plus que le maire de Nantes avait annoncé sa "remise à plat" pour bien nous couper l'herbe sous les pieds.

Je crois que cet échec doit nous servir à prendre du recul. Il nos faut d'abord resserrer les rangs, réfléchir à notre stratégie et nous concentrer sur les européennes tout en filant un coup de main aux militants sur les municipales. Il nous faut revoir notre stratégie globale, parler moins, mais taper fort à chaque sortie médiatique. Il faut que ta parole et celles des camarades retrouve la portée qu'elle avait par le passé. Laissons le gouvernement accumuler les c***, nous nous sommes désormais suffisamment démarqué de cette bande d'incapables. Reprenons notre souffle et cessons de (sur)réagir à chaque à coup médiatique. Les bonnets se dégonfleront, les routiers vont avoir froid et les agriculteurs fêter Noël. Oui le fascisme est en marche mais rien ne sert de courir. 

Cher Jean-Luc, j'ai adhéré au PG à sa création en 2008 et je te suis infiniment reconnaissant pour l'ensemble des luttes que tu as menées avec brio jusqu'ici. Mais, toi le Mitterrandien "repenti", n'oublie pas de laisser le temps au temps.  Ta parole est trop précieuse pour qu'elle soit engloutie dans le marasme médiatique quotidien. Regarde l'autre, là bas de l'autre côté, à l'opposé, elle ne fout rien, ne pense rien et se contente de calquer son discours. Elle récolte les fruits de son insignifiance. Toi tu t'épuises, tu t'agites, tu démontres, tu argumentes, mais peu t'écoutent. Laisse venir, garde patience. 

Cher Jean-Luc, il est bien peu probable que tu lises ces lignes, mais souvenons nous que la politique est un jeu d'échecs où il convient d'avoir des coups d'avance. Cessons de courir, observons et revenons aux fondamentaux. Ces lignes sont écrites à chaud, dans un moment de tristesse, désolé pour ce style à l'emporte pièce, les oublis et les raccourcis.



01/12/2013
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