Il fallait en parler !?
La séquence qu'il vient de nous offrir, de la réunion du Congrès jusqu'au remaniement ministériel, mérite qu'on s'y arrête un instant. Hier donc, à Versailles, nos élus ont eu la chance de pouvoir l'écouter. Versailles et la République, quelle belle histoire !! En 1789 c'est la jeune assemblée et le peuple de Paris qui ramenaient le roi à Paris, aujourd'hui c'est lui qui les y amène. En 1871 les joyeux Versaillais estampillés républicains s'amusaient à exécuter 30 000 communards en une semaine, et en 1919 on y a signé le plus absurde des traités de paix pour humilier nos voisins défaits. Ha ! Si Versailles m'était conté, sûr que cet épisode n'y trouverait place ! En revanche, si Versailles m'était compté...
Hier donc, devant un parterre de parlementaires réduits au silence, devant députés et sénateurs privés de vote, sa magnificence a fait appel à son peuple en faisant "don de sa personne à la France". En agissant ainsi, il égale son illustre prédécesseur, Napoléon III dans son usage du plébiscite: certain de ne pouvoir obtenir le soutien de son action dans les urnes, il fait appel à celui des portefeuilles par un "grand emprunt national".
Sûr que cet emprunt sera un grand succès, que les sommes obtenues dépasseront les estimations les plus optimistes ! Les Français videront leur bas de laine flairant la bonne affaire au regard d'un taux de rémunération du livret A , sans doute ramené à 1% dès cet été.
Cher lecteur, tu comprendras que je ne m'attarde pas ici sur les risques encourus par cette pratique. Simplement une remarque au passage : l'endettement de la France pour cette année et la suivante dépassera les 7%. Or, cet emprunt devra être remboursé dans quelques années : Réjouissons nous, nous voilà assurés (en ces temps incertains) de conserver notre dette ! Tout çà sans politique de relance de la demande !
Comment rembourser cette multitude de créditeurs de l'Etat ? Par les impôts bien sûr ! Ainsi, ce que vous avancez aujourd'hui, vous vous le rembourserez demain, sauf si vous êtes soumis au dur régime de l'ISF qui sera supprimé d'ici là...
Dernier point : les anciens emprunts d'Etat ont toujours été annoncés par le premier ministre. Aujourd'hui, François Fillon est totalement court-cicuité ainsi que l'ensemble de tous les corps intermédiaires. Ce procédé inédit, en plus de ridiculiser le premier ministre, confine au démagogisme en action. François, tu peux courir te cacher.
Pas de rigueur, pas d'augmentation des impôts a-t-il promis. Pourtant, on voit fleurir une taxe carbone, une diminution plus forte que prévue du nombre de fonctionnaires, aucun coup de pouce pour le SMIC, une augmentation du tarif de l'électricité et une stabilité de celui du gaz alors même que ce dernier est censé être indexé sur le cours du pétrole. Accessoirement, on comptera fin 2009, pratiquement un million de chômeurs de plus qu'un an plus tôt, soit plus de 10% de la population active au chômage. Accessoirement toujours, Seguin, président de la cour des comptes s'inquiète dans les colonnes du Monde d'un "risque de accroissement exponentiel de la dette".
Bilan de la journée ? Une République bafouée, un premier ministre humilié, une opposition piétinée, Français, si vous me prêtiez ?
Mais notre éminence ne souhaita pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'agit de pousser l'avantage d'élections prétendument gagnées. Or, qu'aurions nous eu si ces dernières avaient été analysées comme une défaite pour la majorité? Eh bien, un remaniement bien sûr ! Annoncé par qui ? Le premier ministre, naturellement ! Pour arrondir les angles, il aurait fallu poursuivre l'ouverture. N'est-il pas curieux que le procédé reste identique ? Victoire ou défaite, de toute façon le remaniement était programmé. Seul celui qui l'annonce change en fonction des résultats : "mais non, François, ne t'en va pas, ne boude pas, je te garde quand même". Hé oui, cher lecteur, tu n'es pas sans ignorer que constitutionnellement parlant, c'est le chef du gouvernement qui présente à l'approbation du président son gouvernement. Tu es bien caché François ? Étrange que tu ne te sois fendu d'aucune déclaration entre ces deux épisodes historiques. Tu sembles souffrir, c'est ta sciatique ou encore un peu plus bas dans le dos?
En dépit d'élections triomphales donc, le remaniement. En dépit d'un PS déjà bien moribond , la poursuite de l'ouverture. Le petit a en effet agité son hochet et il est tombé sur Frédéric Mitterrand qu'il avait déjà envoyé 18 mois plus tôt à la villa Médicis . L'ouverture a bon dos, ce même F Mitterrand avait appelé à voter Chirac dès 1995...
Mais qu'importe ! ! Voilà l'heureux événement ! Car il a tout lui aussi : un nom, un pédigrée, des paillettes, un beau réseau chez les artistes bon ton que fréquente la First Lady à la con, et même en prime du caviar ! Nous voilà assurés pour des jours et des jours d'un tapage médiatique assourdissant assorti d'un sentiment de trahison chez tous ceux qui plaçaient encore un reste de confiance dans l'intelligentia modérée de la rive gauche. Politiquement, la prise ne signifie rien. Symboliquement elle est considérable. Gageons cependant que l'abcès est désormais crevé entre les électeurs et les représentants de gauche.
Bilan de la deuxième journée : Un premier ministre humilié sur la place publique, des reniements en veux tu en voilà parmi les ministres, un écran de fumée (F Mitterrand), et sa majesté au centre de la mêlée mais en même temps au dessus, pantin comme tous les autres dans la situation économique mondiale avec un pays qui se ruine sous ses pas.
Plus généralement, la bulle qui sépare la population et ses élus s'épaissit : les incertitudes des uns ne rencontrent plus les inquiétudes des autres. Dans le microcosme, on s'agite, on s'ébaudit, on entonne le refrain des chaises musicales et on joue au qui manipule qui. Dans le macrocosme, on fait les comptes pour passer ses vacances au camping, on hésite pour la mise en faillite de sa boîte en septembre ou on craint le dégraissage d'automne, à moins que l'on soit déjà inscrit au Pôle emploi.
A force de ruptures, la boussole perd le nord. Notre pays est aujourd'hui dépourvu de ses repères passés et en quête d'une direction. Car soyons clairs, quel avenir nous fait-on miroiter ? On explique partout que le but est de revenir à la situation antérieure (retour de la croissance) ou bien à celui d'un hypothétique âge d'or (celui de l'équilibre des comptes).
La justice sociale par la résorption des inégalités ? Des services publics qui garantissent l'égalité sur l'ensemble du territoire, des hausses de salaires pour relancer le pouvoir d'achat et la consommation ? Des taxes sur les spéculateurs ? Non, rien de tout cela n'est évoqué : tout juste un espoir dans l'accession au crédit (le droit de s'endetter davantage ! ), la compression des salaires, l'allongement de la durée de cotisation, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux..
Cette situation est en réalité des plus absurdes, car toutes ces décisions présentées comme pragmatiques, répondent à une pure idéologie néo libérale. Penser, aujourd'hui encore !, que l'on va relancer par l'investissement alors qu'on a à faire à une crise de la consommation (par un trop fort endettement) relève de l'aveuglement idéologique.
Je crains fort qu'il n'y ait rien à retenir de cette séquence en deux temps, finalement elle ne méritait pas qu'on s'y arrête. Désolé, cher lecteur.
Hier donc, devant un parterre de parlementaires réduits au silence, devant députés et sénateurs privés de vote, sa magnificence a fait appel à son peuple en faisant "don de sa personne à la France". En agissant ainsi, il égale son illustre prédécesseur, Napoléon III dans son usage du plébiscite: certain de ne pouvoir obtenir le soutien de son action dans les urnes, il fait appel à celui des portefeuilles par un "grand emprunt national".
Sûr que cet emprunt sera un grand succès, que les sommes obtenues dépasseront les estimations les plus optimistes ! Les Français videront leur bas de laine flairant la bonne affaire au regard d'un taux de rémunération du livret A , sans doute ramené à 1% dès cet été.
Cher lecteur, tu comprendras que je ne m'attarde pas ici sur les risques encourus par cette pratique. Simplement une remarque au passage : l'endettement de la France pour cette année et la suivante dépassera les 7%. Or, cet emprunt devra être remboursé dans quelques années : Réjouissons nous, nous voilà assurés (en ces temps incertains) de conserver notre dette ! Tout çà sans politique de relance de la demande !
Comment rembourser cette multitude de créditeurs de l'Etat ? Par les impôts bien sûr ! Ainsi, ce que vous avancez aujourd'hui, vous vous le rembourserez demain, sauf si vous êtes soumis au dur régime de l'ISF qui sera supprimé d'ici là...
Dernier point : les anciens emprunts d'Etat ont toujours été annoncés par le premier ministre. Aujourd'hui, François Fillon est totalement court-cicuité ainsi que l'ensemble de tous les corps intermédiaires. Ce procédé inédit, en plus de ridiculiser le premier ministre, confine au démagogisme en action. François, tu peux courir te cacher.
Pas de rigueur, pas d'augmentation des impôts a-t-il promis. Pourtant, on voit fleurir une taxe carbone, une diminution plus forte que prévue du nombre de fonctionnaires, aucun coup de pouce pour le SMIC, une augmentation du tarif de l'électricité et une stabilité de celui du gaz alors même que ce dernier est censé être indexé sur le cours du pétrole. Accessoirement, on comptera fin 2009, pratiquement un million de chômeurs de plus qu'un an plus tôt, soit plus de 10% de la population active au chômage. Accessoirement toujours, Seguin, président de la cour des comptes s'inquiète dans les colonnes du Monde d'un "risque de accroissement exponentiel de la dette".
Bilan de la journée ? Une République bafouée, un premier ministre humilié, une opposition piétinée, Français, si vous me prêtiez ?
Mais notre éminence ne souhaita pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'agit de pousser l'avantage d'élections prétendument gagnées. Or, qu'aurions nous eu si ces dernières avaient été analysées comme une défaite pour la majorité? Eh bien, un remaniement bien sûr ! Annoncé par qui ? Le premier ministre, naturellement ! Pour arrondir les angles, il aurait fallu poursuivre l'ouverture. N'est-il pas curieux que le procédé reste identique ? Victoire ou défaite, de toute façon le remaniement était programmé. Seul celui qui l'annonce change en fonction des résultats : "mais non, François, ne t'en va pas, ne boude pas, je te garde quand même". Hé oui, cher lecteur, tu n'es pas sans ignorer que constitutionnellement parlant, c'est le chef du gouvernement qui présente à l'approbation du président son gouvernement. Tu es bien caché François ? Étrange que tu ne te sois fendu d'aucune déclaration entre ces deux épisodes historiques. Tu sembles souffrir, c'est ta sciatique ou encore un peu plus bas dans le dos?
En dépit d'élections triomphales donc, le remaniement. En dépit d'un PS déjà bien moribond , la poursuite de l'ouverture. Le petit a en effet agité son hochet et il est tombé sur Frédéric Mitterrand qu'il avait déjà envoyé 18 mois plus tôt à la villa Médicis . L'ouverture a bon dos, ce même F Mitterrand avait appelé à voter Chirac dès 1995...
Mais qu'importe ! ! Voilà l'heureux événement ! Car il a tout lui aussi : un nom, un pédigrée, des paillettes, un beau réseau chez les artistes bon ton que fréquente la First Lady à la con, et même en prime du caviar ! Nous voilà assurés pour des jours et des jours d'un tapage médiatique assourdissant assorti d'un sentiment de trahison chez tous ceux qui plaçaient encore un reste de confiance dans l'intelligentia modérée de la rive gauche. Politiquement, la prise ne signifie rien. Symboliquement elle est considérable. Gageons cependant que l'abcès est désormais crevé entre les électeurs et les représentants de gauche.
Bilan de la deuxième journée : Un premier ministre humilié sur la place publique, des reniements en veux tu en voilà parmi les ministres, un écran de fumée (F Mitterrand), et sa majesté au centre de la mêlée mais en même temps au dessus, pantin comme tous les autres dans la situation économique mondiale avec un pays qui se ruine sous ses pas.
Plus généralement, la bulle qui sépare la population et ses élus s'épaissit : les incertitudes des uns ne rencontrent plus les inquiétudes des autres. Dans le microcosme, on s'agite, on s'ébaudit, on entonne le refrain des chaises musicales et on joue au qui manipule qui. Dans le macrocosme, on fait les comptes pour passer ses vacances au camping, on hésite pour la mise en faillite de sa boîte en septembre ou on craint le dégraissage d'automne, à moins que l'on soit déjà inscrit au Pôle emploi.
A force de ruptures, la boussole perd le nord. Notre pays est aujourd'hui dépourvu de ses repères passés et en quête d'une direction. Car soyons clairs, quel avenir nous fait-on miroiter ? On explique partout que le but est de revenir à la situation antérieure (retour de la croissance) ou bien à celui d'un hypothétique âge d'or (celui de l'équilibre des comptes).
La justice sociale par la résorption des inégalités ? Des services publics qui garantissent l'égalité sur l'ensemble du territoire, des hausses de salaires pour relancer le pouvoir d'achat et la consommation ? Des taxes sur les spéculateurs ? Non, rien de tout cela n'est évoqué : tout juste un espoir dans l'accession au crédit (le droit de s'endetter davantage ! ), la compression des salaires, l'allongement de la durée de cotisation, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux..
Cette situation est en réalité des plus absurdes, car toutes ces décisions présentées comme pragmatiques, répondent à une pure idéologie néo libérale. Penser, aujourd'hui encore !, que l'on va relancer par l'investissement alors qu'on a à faire à une crise de la consommation (par un trop fort endettement) relève de l'aveuglement idéologique.
Je crains fort qu'il n'y ait rien à retenir de cette séquence en deux temps, finalement elle ne méritait pas qu'on s'y arrête. Désolé, cher lecteur.
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